L’effet de la crise en mer Rouge était déjà visible sur les taux spot, il en est de même pour les primes d’assurance des cargos. Certaines primes ont été multipliées par dix en raison des incidents.
Depuis le début du mois de décembre 2023, les cargos naviguant en mer Rouge sont en proie aux rebelles houthis, un mouvement rebelle du Yémen qui a reçu l’asile du régime iranien. Avec maintenant plus de 25 attaques de roquettes et de drones sur plusieurs navires, les rebelles disent vouloir riposter aux attaques israéliennes à Gaza.
1 % de la valeur assurée
Les chiffres de Clarcksons, une société de conseil en assurance basée à Londres, montrent que les primes d’assurance pour les navires qui prévoient de passer par la mer Rouge ont été multipliées par dix. Plus précisément, la prime d’assurance annuelle pour un navire ayant l’intention de transiter par la mer Rouge représente parfois jusqu’à 1 % de la valeur totale assurée du navire.
Ce sont surtout les polices d’assurance dites « risques de guerre » qui ont explosé. Ce type d’assurance est une assurance supplémentaire qui vient s’ajouter à l’assurance standard d’un navire, dont certaines sont même obligatoires dans plusieurs pays (comme la Belgique). L’assurance « risque de guerre » couvre non seulement les dommages causés par des actes de guerre, mais aussi par la piraterie ou, comme dans le cas présent, par la rébellion ou le terrorisme.
Réponse de l’armée
L’analyse de Clarcksons montre que ce ne sont pas seulement les attaques des rebelles qui ont provoqué la hausse, mais aussi la réaction des militaires américains et britanniques. Le 12 janvier 2024, les deux armées ont lancé des contre-attaques contre plusieurs cibles houthies. Dans la nuit du 17 au 18 janvier 2024, l’armée américaine a également procédé à des bombardements.
Selon Clarcksons, ces actions entraîneront elles aussi une augmentation des primes, car elles pourraient conduire à une escalade de la violence militaire dans la région.
Nouvelle hausse des taux
L’une des conséquences est que les taux de fret continueront d’augmenter. Soit les navires font un long détour de 7 000 km par le cap de Bonne-Espérance, ce qui signifie qu’ils sont en route plus longtemps et consomment plus de carburant, soit ils risquent de passer par la mer Rouge, ce qui entraîne un surcoût d’assurance important. Il semble que la plupart des compagnies maritimes optent pour la première solution. Le trafic maritime en mer Rouge a fortement diminué.
Plus tôt, le professeur Christa Sys a mis en garde dans Flows contre l’écart entre le coût supplémentaire et les surtaxes élevées actuellement appliquées par diverses compagnies maritimes. Les chargeurs se sont déjà plaints des surcharges et sont allés plus loin en accusant certaines compagnies maritimes européennes d’abuser de la situation et de pratiquer la « graaiflation ».